La vocation scolaire de la chapelle de maître Pierre de Lisbonne au XIVe siècle1
Au contraire de l’histoire de l’université de Lisbonne-Coimbra qui reçut d’importantes contributions dans cette dernière décennie e demie2, l’étude parallèle des institutions médiévales d’enseignement non-universitaire n’a guère bénéficié de la même attention. En effet, les travaux récents qui touchent à question, portés très souvent vers une approche de synthèse3, reposent presque entièrement sur les études datées - mais néanmoins fondateurs - d’auteurs comme Artur Moreira de Sá, Francisco da Gama Caeiro, Isaías da Rosa Pereira et Fr. Fernando Félix Lopes 4.
Ce piètre degré d’innovation dans la connaissance des institutions scolaires médiévales autres que l’université ne se justifie ni par le manque d’un effort historiographique ni par des insuffisances heuristiques. C’est bien une conséquence classique d’une conjoncture documentaire ponctuée par une absence chronique de sources5 qui inviabilise l’ébauche de l’étude sur les encadrements institutionnelles ou les méthodes d’enseignement qui cheminaient les jeunes vers l’apprentissage des premières lettres.
Cette faiblesse historiographique, présente également dans d’autres historiographies européennes6, fait qu’il ne soit guère possible dépasser les considérations générales, s’acceptant le principe que ces écoles fournissaient un enseignement dirigé vers l’acquisition de compétences de lecture par le biais de la mémorisation do psautier (saltério) et du chant.
Le système scolaire pré-universitaire se distinguait par le biais de son implantation en milieu rurale ou en milieu urbain, ce qui veut dire qu’il existerait en principe une gradation de la qualité des instituts scolaires à la disposition de clientèles en fonction des vivences et de la relation que celles-ci maintenait avec l’espace environnant.
À la campagne, les écoles se caractérisaient par la liaison au milieu ecclésiastique, soit à travers l’existence d’écoles monastiques tournées vers un enseignement apparemment de «consommation interne», notamment dans le cas des cisterciens7, soit à travers un accompagnement scolaire dans le cadre de structures d’enseignement au niveau paroissiale. Il est sûr que certaines de ces paroisses rurales détenaient cette capacité, dépendant son opérationnalité des capacités intellectuelles du prêtre et de la disponibilité financière pour sa manutention, comme en témoigne le testament de l’archevêque de Braga Silvestre Godinho. Dans ce document, rédigé en 1244 et maintes fois évoquée para l’historiographie spécialisée, le prélat justifie le légat d’une propriété à l’église de Saint-Pelage de Pousada par le fait qu’il y eut été absorbé pendant trois ans dans l’étude du psautier8. Cet exemple, le seul dont nous connaissons l’existence pour caractériser ce type d’enseignement, permet en outre de prouver l’existence d’un groupe d’individus avec le potentiel nécessaire pour pénétrer l’élite intellectuel du temps issu d’une société rurale connotée moins avec l’école qu’avec une transmission culturelle de base orale et par des occupations professionnelles liées à l’agriculture et à l’élevage.
Bien entendu, c’était en ville que l’offre d’un enseignement élémentaire était la plus étendue. D’une part, avec les écoles cathédrales dont les fondations accompagnent le processus d’intégration dans la mouvance chrétienne des civitates conquises à al-Gharb Al Andaluz. C’est ainsi que rapidement s’établit un groupe de allumni autour de l’archevêque de Braga (1072)9, de la même sorte que l’évêque de Coimbra organise une école au sein de sa cathédrale (1086)10. Ces deux instituts sont encore connus par les inventaires qui sont parvenus jusqu’à nous de leurs bibliothèques11. En ce qui concerne son homologue lisbonnaise, celle-ci est reconnue notamment à travers les données retirés des parcours d’anciens élèves que dévirent des intellectuels d’exception au XIIIe siècle, cas de saint Antoine de Padoue/Lisbonne et de Pierre d’Espagne (papa Jean XXI). Il est probable que les six autres cathédrales du royaume auraient des préoccupations semblables, malgré leurs moindres disponibilités financières12. Néanmoins, c’est à travers la constitution des dignités normalement associées à la culture (scolasticus, magister scholarum) dans les chapitres cathédraux du royaume que l’existence de ce type d’écoles, à l’ombre de la cathédrale, est normalement supposée13. Il reste que, au contraire du cas castillan14, il subsiste encore de très nombreuses lacunes dans la connaissance de ces écoles, surtout en ce qui concerne le type de recrutement, les méthodes et l’étendue de leur enseignement.
En outre, l’historiographie suppose que ce type d’enseignement était adopté par certaines collégiales. Pour cette question, le raisonnement historiographique semble fonctionner sur la base de leur importante institutionnelle, puisque ces écoles sont normalement placées dans les collégiales les plus importantes do royaumes, comme celles de Sainte-Marie de Guimarães et de Sainte-Marie de Santarém15. La réalité serait certainement beaucoup plus diverse16.
L’évêque partageait l’offre scolaire urbaine avec les nombreuses écoles conventuelles de chanoines séculiers de saint-Augustin qui se développèrent à partir de la seconde moitié du XIIe siècle et les studia mendiants dans centurie suivante. A ce niveau, il semble être de mise insister sur la prééminence de l’école des chanoines de Saint-Augustin à Sainte-Croix de Coimbra, ainsi que celle à Saint-Vincent de Lisbonne. Il est vrai que cette prééminence résulte surtout de l’analyse des inventaires et des livres à but scolaire qui subsistèrent de ces monastères17, bien plus que de l’activité pratique de ces écoles, dont l’existence est difficilement reconnue dans les sources au-delà de la présence dans ces deux écoles de saint Antoine de Padoue/Lisbonne18. Dans le même sens s’aligne l’investigation sur les studia mendiants. N’ayant pas d’études spécifiques sur les frères mineurs, nous savons de leur existence dans les couvents dominicains portugais dès le début du XIVe siècle, notamment à travers le va-et-vient soutenu de lecteurs dans le couvent à Lisbonne19 et de la liaison de celui-ci (comme de celui de Coimbra) avec l’université. Nous parlons ici d’un enseignement théologique que sera intégré dans l’université de Lisbonne-Coimbra au milieu du XVe siècle20. Un mot enfin sur l’enseignement dispensé dans les monastères de l’ordre de Saint-Jacques, notamment dans celui de Santos, près de Lisbonne, où Luís Filipe Oliveira décerna l’existence d’un enseignement destiné aux filles qu’y séjournaient21.
En ce qui concerne les écoles urbaines laïques, les responsabilités éducatrices des municipes portugais se détectent de forme généralisée seulement à partir de la deuxième moitié du XVe siècle, lorsque les documents montrent la préoccupation des oligarchies municipales avec la formation de leurs membres22. Antérieurement, ces dernières sont détectables seulement à Porto et à Lisbonne, surtout lorsque ces deux dernières institutions sont mandatées par le roi dans le but de pourvoir à la formation à l’étranger des clercs, notamment de mendiants23. Toutefois, nous ne savons pas si cet appui se concrétisait par l’établissement d’une école en due forme ou, comme il paraît être le cas, uniquement dans l’engagement d’un spécialiste en grammaire pour pourvoir à cet enseignement.
En ce sens, ce dernier type d’enseignement pouvait se rattacher à l’enseignement privé dont nous allons essayer de détailler l’encadrement et les acteurs, étant donné sa liaison avec l’enseignement dispensé à la chapelle de maître Pierre de Lisbonne.
L’enseignement privé
Ce type d’enseignement demeure le plus diversifié et l’un des plus difficiles à saisir, non seulement parce qu’il dépend de motivations et d’actes individuelles - dont très souvent nous n’avons pas de moyen de savoir de leur efficacité - mais aussi parce que son opérationnalisation suppose des degrés d’encadrement institutionnel qui peuvent être variables.
Lorsque nous y pensons, très souvent nous vient à la mémoire l’enseignement formel dispensé par un lettré à titre privé. La documentation médiévale lisbonnaise reconnait l’existence de ce type d’instruction par le biais d’un préceptorat d’un bachelier24 ayant la charge d’instruire la descendance de familles biens fournies, cas de groupes familiaux liés au commerce ou au service royale25. Bien entendu, il est très probable que cette instruction ait eu lieu dans les palais (paços) que ces familles avaient en ville26 et non pas dans les écoles que ces maîtres auraient pu maintenir en milieu urbain. Sur cette dernière question, les indices très minces que nous avons pu recueillir ne permettent que perspectiver leur éventuelle existence avant la fin du XVe siècle27.
Bien sûr, cet enseignement privé ministré au niveau de la famille dépendait de l’importance que l’éducation avait dans son sein. Le plus souvent, très certainement, serait faire dépendre l’instruction de la maisonnée d’un membre de la famille chargé de l’éducation des plus jeunes. Pensons ainsi aux références aux allumni d’un certain clerc28 et aux légats de livres effectués par les oncles à leurs neveux29. Ces légats pouvaient être accompagnés de transferts de fonds, comme celle effectuée avant 1407 par le doyen d’Évora Mem Peres de Oliveira en ordonnant que soient soutenus causa discendi son alupno Gomes ou des étudiants nobles de la ville d’Évora en état de pauvreté30.
Nous écartons de cette analyse l’enseignement visant l’acquisition d’un ensemble de compétences servant à l’apprentissage d’un métier, car il ne subsiste aucun élément que nous permet d’affirmer que cet apprentissage était réglée de façon contractuelle comme dans d’autres royaumes31 ou quelle était une des charges des corporations de métiers respectives. Bien entendu, la reconnaissance de la fonction éducative de ces dernières auraient permis faire preuve de l’institutionnalisation de l’apprentissage professionnelle, une chose que les médiévistes portugais recherchent dans les sources encore sans succès.
Ceci ne veut pas dire que l’enseignement privé ne s’est pas institutionnalisé dans la société urbaine portugaise. Autre les éventuelles écoles de magistri situés en ville, l’encadrement institutionnelle de l’activité educatrice formelle passait aussi par le biais du collège et de la chapelle.
D’une part, il faut constater la faible tradition du premier dans le système scolaire portugais avant le XVIe siècle et la fixation de l’université à Coimbra à partir de 1536-153732. Cette situation découle probablement d’une série de conditions économiques de difficile considération. De plus, il faut tenir compte de la véritable fonction de ces institutions, où la vocation scolaire semble se subordonner à des intentions pieuses. En effet, il faut insérer ces collèges dans la lignée des institutions analogues créées à Paris pendant le Moyen Âge33. Celles-ci comme celles-là, fondées généralement à la suite du testament d’un officier royale appartenant au clergé, fonctionnaient dans un but pieux, servant à fournir gîte, couvert et vêtements à des personnes - dont une partie étaient des étudiants - pendant un nombre d’années spécifiques. L’exemple le plus probant - et le plus précoce de cette façon de faire - demeure l’institution de l’hôpital de Saint-Paul, Saint-Clément et Saint-Eloi par l’évêque Domingos Eanes Jardo en 1291, dont la vocation assistentielle de cette institution passait par la manutention de six étudiants pauvres34. Les deux autres institutions de collèges connues par la documentation, à savoir le collège d’Afonso Correia (1383) e de D. Diogo Mangancha (1447) sont plus tardives et il n’y a pas de certitude sur leur fonctionnement effectif35.
D’autre part, il faut constater que la vocation éducatrice des chapelles destinées au culte funéraire et mémorial d’un ou de plusieurs individus (normalement liés par les liens familiaux) demeure une question qui n’a pas été l’objet de l’attention des médiévistes portugais36. Cela est d’autant surprenant que ce phénomène est connu dans d’autres royaumes, notamment en Angleterre, où les fondations des chantries à partir du final du XIVe siècle prévoient des attributions éducatrices aux chapelains respectifs37, tandis qu’en France cette attestation passe notamment par la mise en contribution d’indices artistiques38. Au Portugal, les minces indications documentaires peuvent le suggérer39. L’opportunité que nous avons eue de consulter un ensemble de documents sur la fondation d’un majorat où cette vocation scolaire est référée fournit l’occasion d’étudier de plus près cette importante question pour l’histoire de l’éducation portugaise au Moyen Âge.
La chapelle de maître Pierre de Lisbonne
La chapelle de Sainte-Anne a été instituée dans l’église de Saint-Laurent de Lisbonne par Maître Pierre, un clerc lisbonnais que poursuivit simultanément une carrière comme médecin du roi Denis (1279-1325) et un trajet ecclésiastique en tant que chanoine de Porto, de Guarda et recteur de Saint-Jacques de Óbidos, comme l’énonce lui-même dans son testament daté de 129640. Fondée avant cette date sur un espace ecclésiale déjà garni d’autres institutions semblables41, cet important document établit ces fonctionnalités et les modalités de sa manutention.
En premier lieu, cette chapelle servirait de gardien de la mémoire ad aeternum de son fondateur, puisqu’il y devrait être exhumé, même s’il trépassait à l’étranger. Son âme, comme celles des membres de sa famille ascendante et collatérale, du roi et de ses bienfaisants serait sufragée para un chapelain. Celui-ci devrait se démarquer par sa probité intellectuelle, dans la mesure où, selon le même maître Pierre, il devait être «de bons coutumes et de bonne science», devant « savoir bien lire l’office divin»42. Bien sûr, une autre question nucléaire qui se détache de l’analyse de ce document ce sont les moyens de manutention de l’institution. A cet effet, il fit bénéficier l’administration de sa chapelle en faveur de son frère Lourenço Peres durant les seize ans suivant sa mort43.
Cette façon de faire résulte certainement du manque de descendance directe de maître Pierre, ce qui marque une certaine innovation face aux majorats établis sensiblement au même temps par des clercs - la plupart du temps des évêques - qui les laissent quasi invariablement à leur progéniture44. La suite des événements montre que la transmission établie par maître Pierre fût suivie et qu’elle a demeurée plus proche des canons de transmission fondés sur la progéniture et la masculinité45. L’administration de la chapelle passa de Lourenço Peres à son fils homonyme qui - à son trépas sans descendance - la laissa à un autre frère Filipe Lourenço, appartenant à l’état ecclésiastique. Il faut noter qu’en vertu du manque de descendance de ce dernier, la transmission se poursuivra par voie collatéral, bien que, contre toute attente, ce ne sont pas les fils illégitimes Afonso Dinis46 ou Lourenço Dinis47 plus âgés qui vont hériter cette administration48, mais bien le fils cadet, lui aussi illégitime, de son nom maître Jean des Lois (das Leis). Celui-ci portera sur ses épaules le futur de la famille49. Cette exemple est d’ailleurs l’un des premiers cas que nous registrons au Portugal d’une forme de transmission des administrations de chapelles au sein de la famille qui annoncera l’éclosion des chapelles-majorats, où les chapelles les plus riches sont annexées aux majorats familiaux, gardant le chef du lignage simultanément les fonctions de «chef du majorat» et d’administrateur de la chapelle50.
En plus, maître Pierre perspective l’encadrement institutionnel de cette fondation, qu’il fait dépendre de la surveillance de ces dispositions par les vicaires de la cathédrale de Lisbonne, le recteur de l’église de Saint-Laurent et de son frère lors des visites annuelles à Noël51. L’arrangement de cette manutention ad aeternum aux mains de son groupe familial était complété par sa soustraction de juridiction face au recteur et des portionnaires de l’église de Saint-Laurent, où la chapelle était implantée physiquement52.
Bien que les éléments de la famille aient pu mimétiser l’action de maître Pierre par d’autres fondations de majorats et de chapelles à Saint-Laurent de Lisbonne53, il n’est demeure pas moins que le groupe familiale entendit cette chapelle-majorat comme l’une des sources les plus importantes de leur pouvoir symbolique et de leur présence dominatrice au sein de la paroisse laurentienne. Étant donné le degré de destruction et de modifications souffertes par le bâtiment ecclésial où s’encadre la chapelle, il n’est guère possible de concevoir aujourd’hui avec certitude le degré de son utilisation en tant que panthéon familiale au-delà de cet emploi par cette génération primordiale formé par les frères maître Pierre et Lourenço Peres Senior54. Il est sûr, néanmoins, que l’attention portée sur l’institution pouvait être entachée par les abus ou les déficiences montrées par certains administrateurs à pourvoir suffisamment à la manutention du culte ou à la gestion de leur patrimoine. Ainsi, il est pertinent de noter que les membres de la famille furent sensibles à ces faiblisses et aux aléas conjoncturelles (guerres, mauvaises années agricoles) que rendait plus difficile la perception de l’argent nécessaire pour satisfaire les obligations liturgiques et autres jointes à la chapelle. En ce sens, nous observons que la chapelle a reçu diverses dotations de propriétés ou d’argent pour faire son achat55, des actions que nous pouvons lier à d’autres éléments «d’aide à sa manutention» comme l’institution d’autres chapelains56 et de légats de livres.
À part sa vocation funéraire et de lieu de mémoire de la famille, la chapelle de maître Pierre fut aussi conçue en tant que fondation pieuse dans la lignée de la praxis du temps, puisque c’est elle que fournira l’encadrement institutionnel et le siège pour les huit hommes vieux e pauvres appartenant à la lignée de maître Pierre que son frère Lourenço Peres57 établit comme œuvre de miséricorde lors de son testament58. Cet encadrement se définit en plus par l’utilisation des immeubles appartenant à la chapelle pour la rétribution journalière des pauvres («le palais des maisons de la chapelle») et l’hébergement de l’administrateur de cette fondation, qui doit habiter «les maisons de maître Pierre laissées à la chapelle»59. Cette relation à l’espace se complétait avec l’obligation à l’écoute par ces hommes pauvres de l’office divin à Saint-Laurent sous peine de leurs rations60.
Les institutions à but scolaire dans le cadre de la chapelle
C’est sûrement l’établissement de l’université au Portugal en 1288-1290 qui mobilisa la fondation d’institutions à but scolaire pendant la dernière décennie du XIIIe siècle à Lisbonne. La plus spectaculaire demeure celle concernant l’hôpital que Domingos Eanes Jardo, évêque d’Évora et puis de Lisbonne, y établit au début de la décennie pour six étudiants pauvres61 et dont l’administration passera plus tard aux mains des réguliers62. Cette dernière fondation partage des ressemblances avec l’institution que maître Pierre idéalise en 1296 lorsqu’il ordonne que trois enfants de sa famille - chacune devant avoir sept ans - doivent être instruits par le chapelain de sa chapelle dans le psautier et dans le chant, avant de passer à l’étude de la Grammaire sous l’orientation d’un bachelier. Ces trois garçons bénéficiaient de gîte et couvert pendant une période maximale de huit ans pendant laquelle ce trio devrait être habillé et nourri par les rendements de la chapelle63.
Ces deux institutions partagent plus que leur moment très proche de fondation, surtout parce que ces institutions à but scolaire demeurent secondarisés par rapport à l’œuvre de piété que ces fondateurs respectifs veulent imprimer à celles-ci64. Par ailleurs, il existe des différences. La plus frappant est le niveau d’études demandé aux pensionnaires. Tandis que les étudiants de l’hôpital devraient étudier en Droit, en Médecine et en Théologie, toutes des matières «universitaires», aux enfants de la famille de maître Pierre serait dispensé une instruction au niveau élémentaire. Ceci laisse entendre que l’horizon éducatif de maître Pierre ne semble pas se situer au niveau des études supérieures, puisque cet encadrement terminerait lorsque les béjaunes seraient en âge d’ingresser à l’université65.
Celle-ci serait certainement une lacune dans la stratégie visant à former, dans le cadre de la famille et à moyen terme, des futurs lettrés, prélats et officiers royaux qui devraient assurer la croissante projection familiale dans le cadre de la société de cours et dans la société lisbonnaise du XIVe siècle. Or, le frère de maître Pierre va rapidement adresser cette situation en créant les conditions, lors de son testament aussi de 1296, pour qu’un autre enfant de leur famille, agé de sept ans et maintenu par les rendements laissés par celui-ci, puisse accompagner l’enseignement dans les mêmes termes établis par maître Pierre. L’important ici demeure que ce même Lourenço Peres Senior permet que les huit ans ordonnés dans le testament de son frère puissent être dépassés. Dans le cas où ces quatre enfants ne voulaient pas continuer aux études, ceux-ci devraient être remplacés d’autres, lesquels devraient être des jeunes ou des hommes légitimes appartenant au lignage de maître Pierre et naturels de Lisbonne ou de Mafra. Ils devraient témoigner au recteur de Saint-Laurent de Lisbonne la disposition d’apprendre, lequel assumirait la charge de conseiller lors du processus de leur sélection66. Les montants de «bourse» accordés témoignent la gradation d’importance que le lignage concédait aux matières. Ainsi, ceux qui étudieraient la Théologie, le Droit ou la Physique devaient recevoir annuellement cinquante livres à la Saint-Michel de septembre, lorsque ceux qui voulaient s’adonner à d’autres sciences ne recevaient que la moitié de cette somme67.
Bien sûr il s’agit ici d’une forme de subvention aux études supérieures des membres du groupe, comme en témoigne - ne serait-ce que pour le confirmer - le fait que le nouveaux recteur de l’église de Saint-Laurent nommé en 1349 c’est précisément un étudiant dans le studium de Lisbonne maintenu par les biens de la chapelle dudit maître Pierre (procuratum in Vlixbonen. studio per bona Capelle dicti Magistri Petri studantem)68.
La troisième grande institution «scolaire» liée à la chapelle de Sainte-Anne demeure l’établissement de prestamos69 pour les étudiants de la chapelle moyennant une redistribution en douze parties des rendements de la collégiale de Saint-Laurent élaborée par Miguel Vivas vers les années 133070. En destinant le permier quart pour le payement de toutes les dépenses de la collégiale, le second pour le prieur de celle-ci, le troisième pour les portionnaires de la même (les trois qu’y séjournaient plus un quatrième que le prieur y établit pour l’augmentation du culte dans cet établissement), ce prélat ordonne que le dernier quart servit à maintenir aux études quatre pauvres étudiants en théologie, droit ou en médicine71. Miguel Vivas institutionnalise ainsi la promotion des études universitaires par les membres du lignage dont Lourenço Peres Senior avait perspectivé la possibilité. De plus, il faut ajouter que cette nouvelle fondation s’effective à coup d’un détournement de fonds qui fait dommage en premier lieu à institution ecclésiastique elle-même, puisque ce quart n’est pas doté par les membres de la famille, mais bien par les ressources provenant de la collégiale72.
La conservation d’une partie de l’archive de cette famille permet de cerner quelques unes des caractéristiques de ces prestamos par le biais de certaines chartes de concession. Ainsi, ils étaient concédés par le recteur laurentien avec l’assentiment et le conseil du possésseur du droit de patronage de la collégiale73 et avaient la durée de huit ans74, rappelant bien-sûr la durée initiale des bourses determinés par maître Pierre. L’investiture rappelle n’importe quelle intronisation dans un bénéfice ecclésiastique par l’apposition du chapeau (capeirote) sur le chef 75.
Finalement, l’importance de l’enseignement dans la promotion social du lignage ne pouvait être oubliée par maître Jean das Leis, l’un de ceux qui a le plus bénéficié de ces institutions76. Son action à ce chapitre apparaît comme double. D’une part, il suit la stratégie de ces ascendants en fournissant les conditions pour la manutention de deux autres étudiants agés de sept ans pour une durée maximale d’appui de huit ans. Ces dispositions ne suivent pas celles de maître Pierre que dans le sens où l’une de ces enfants devrait être de son lignage, tandis que l’autre devrait être originaire du lignage de Maria Afonso, sa défunte77. Cette fondation, apparemment ratée78, semble être la dernière action de la famille pour constituer des nouvelles fondations de la sorte. Sans doute les difficultés économiques de la dernière moitié du XIVe siècle et les problèmes de gestion patrimoniale très fréquemment associés à la manutention de ce genre d’institutions dictèrent une voie conservatrice de protection de l’établi. C’est dans ce sens qu’il faudrait lire les dernières volontés de maître Jean en termes du renforcement monétaire de fondations antérieures, à savoir les quatre écoliers instruits à la chapelle et les quatre scolaires «majeurs» qui faisaient leurs parcours à l’Université79.
Il faut dire que ces institutions demeurent les faces les plus spectaculaires de la vocation scolaire de la chapelle de maître Pierre. Toutefois, elles ne sont pas les seules, étant donné l’importance que le groupe familiale a donnée au livre en tant que ressource intellectuelle visant cette même projection lettrée des futurs «Nogueiras».
L’importance des livres
Les livres permettaient que l’activité lective puisse se dérouler au sein de la chapelle. Ils étaient passibles de prêt moyennant une caution80, à la bonne praxis médiévale81. Il reste qu’il n’est guère possible de reconstituer les titres des livres qui devraient constituer le contenu de bibliothèque de la chapelle de Sainte-Anne82. Nous savons qu’elle a été constituée par les livres laissés par le fondateur et par ceux qui en faisaient des donations à la chapelle, certain d’entre eux d’anciens élèves que reconnaissaient ainsi le rôle que cette institution eut dans leur formation et dans leur promotion83. La donation de maître Jean des Lois peut illustrer alors les thématiques des livres conservés par la chapelle. Sans que l’on sache ce qui en est des livres servant à enseigner à lire et à écrire, celle-ci énonce des livres de droit civil (Corps de Lois entier)84 et de droit canon (Décrétales, Sexte, Clementines, «Joaninas»85, Décret)86, ainsi que des livres de logique, de poesie, de médicine et de théologie87.
Étant leur vocation scolaire, ce n’est pas une surprise que maître Jean des Lois, en tant que chef de ce groupe familiale, ait mobilisé ces ressources libraires afin de faire profiter lui-même et les membres du groupe par la voie du prêt. À nouveau l’archive familiale registre des diverses transactions de ce genre. La première notice concerne les la preuve du prêt de certains livres que Filipe Lourenço, administrateur de la chapelle fait à ce même maître Jean des Lois à une date entre 1326 et 132988. Une trentaine d’années plus tard, c’est ce dernier lettré qui fait une reconnaissance publique du prêt qu’il fit d’unes Décrétales et d’un Sexte à Afonso Eanes de Mafra89. Il se suit en 1363 d’autres Décrétales prêtées à Domingos Rodrigues, scolaire à Coimbra90 et, en 1379, des volumes de Logique vieille à João Fernandes91. Cette même année, Geraldo Martins reconnaît avoir reçu de Jean des Lois unes Décrétales pour lesquelles il a promis de payer 300 livres en cas de non-dévolution92.
La scolarité : un élément de promotion du lignage des «Nogueiras»
Les fondations analysées ci-dessus symbolisent beaucoup plus qu’une simple volonté d’une fratrie à donner à leur groupe familier l’accès aux lettres. Elles représentent l’un des plus importants piliers d’une stratégie bien dessinée d’affirmation socioéconomique initiée par un clerc de Denis Ier et poursuivi par sa descendance collatérale. Une stratégie que se décline en premier lieu à fournir aux plus jeunes les outils nécessaires au décodage d’un message que s’affirme de plus en plus par la voie de l’écrit. Mais aussi une stratégie qui promut les études avancées par l’accès aux études supérieures. En ce sens, il est possible remarquer la préférence des membres plus éloignés de maître Pierre pour l’université portugaise, tandis que la descendance de son frère Lourenço Pères s’engage dans des aventures in terra aliena en France septentrionale93. Il reste à savoir le degré d’influence que la famille a pu avoir dans l’intérêt qu’Alphonse IV semble avoir nourri pour les centres scolaires de la France du nord, au point d’ordonner à deux de ces ambassadeurs d’aller recruter des docteurs orléanais en droit pour enseigner à l’université de Lisbonne-Coimbra94.
Cet exemple suggère que l’ascension de la famille dépendait en dernier lieu des liaisons étroites qu’elle entretenait avec la royauté et les relations personnelles nouées avec Denis Ier et ensuite avec Alphonse IV95. Cette constatation est indéniable. Il reste cependant que le Savoir fut important pour que les membres de la famille aient pu avoir les «habilitations» requises pour intégrer le cercle restreint des privats royaux. En ce sens, il est symptomatique qu’une vingtaine d’années après les fondations de maître Pierre et de Lourenço Peres Senior, des anciens étudiants qu’avaient été formés à la chapelle commencent leur ascension. Ce furent les cas de Miguel Vivas et d’Alphonse Dinis que réussirent des carrières de succès à l’épiscopat et près du roi en tant qu’hommes de sa confiance96. Avec la disparition de nombre de ces membres durant la première décennie du règne alphonsin (Lourenço Peres Senior, Lourenço Peres Junior et, très probablement, Miguel Vivas) ce sera au tour de Jean des Lois, lui qui avait été nutritus par son frère et étudié à la chapelle, de prendre la relève. Il n’oubliera pas la source d’où faisait surface l’une des sources de leur prééminence, puisque divers membres de sa famille trouveront prenant dans la burocratie centrale de la Couronne97.
Ce lien structurel avec la vocation scolaire de maître Pierre ne sera attendri qu’avec les générations suivantes de maître Jean. Désormais nobles, fruit de l’aide prêtée à la nouvelle dynastie, ils s’inscrivent dans un nouveau palier. Biens insérés à la cour, ménageant des bons mariages, ils accèdent à des fonctions plus importantes : l’alcaidaria de Lisbonne avec le fils aîné de maître Jean, dénommé Afonso Eanes Nogueira (1400-1425) et son fils Rui Nogueira (1426-1432) ou l’archevêché de Lisbonne avec Afonso Nogueira, frère de ce dernier98. Cette période de prééminence social et administrative ce sera paradoxalement le début de la fin. Par le manque de descendance ou de mâles, les Nogueiras termineront pour laisser place aux Brito, aux Valentes ou aux Sem, lignages auxquelles les Nogueiras s’associeront dorénavant.
La chapelle de maître Pierre, avec toute sa charge symbolique de mémoires, se maintiendra ainsi un repositoire de gloires passées, de gloires que la clairvoyance d’un clerc de Denis Ier a prédites. Tableau 1
Document 1
1296, février 21, Lisbonne - Testament de maître Pierre de Lisbonne99
ANTT, Arquivo do Hospital de S. José, liv. 62, fl. 63v-67v (publique-forme de 1310, juillet 20, Lisbonne en copie moderne datée de 1751, mai. 4, Lisbonne)
Référence: Cabido da Sé. Sumários de Lousada. Apontamentos dos Brandões. Livro dos Bens próprios, p. 45 (à partir d’une autre copie conservée dane l’archive du chapitre cathédrale de Lisbonne)
In Dei Nomine. Amen. Noverint universi, quod (fl. 64) sub era milesima tresentesima quadragesima octava, vigesima die Julii in praesentia mei Fernandi publici Tabelionis Civitatis Vlisbonensis, et testium subscriptorum Vincentius Petri Rector Ecclesiae Sancti Laurentii ejusdem Civitatis ostendit, et fecit legi per mé dictum Tabellionem quodam instromentum delegatum factum per manum Joanis Petri quodam Tabelionis praedictae Civitatis, et signatum doubus signis ejusdem, sicut in praedicto instromento aparuit, cujus tenor talis erat //
In Nomine Patris, et Filii, et Spiritus Sancti. Amen. Quoniam summa philosophia est assidua mortis cogitatio, quia juxta sententiam sapientis, certum est, quod morieris, sed incertum quando, quomodo, aut usquam, usque, mors nos expectat, quia morte nihil certius, et nihil incertius hora mortis, et temerarium sit hominibus in tali statu conversari, in quo non audent mori, et propter hoc quilibet dies vitae nostrae sic, ut quasi ultimus ordinandus: ideo noverint universi praesentis testamenti omnium bonorum nostrorum immobilium seriem inspecturi, quod ego Magister [Petrus] de Civitate Vlysbona oriundus Canonicus Egitaniensis, et Portuensis, et Rector Ecclesiae Sancti Jacobi de Obidos in meo pleno sensu, et in mea salute, et ex mea libera voluntate timens Deum, et horam mortis, et dubitans de utrisque in mea plenaria potestate in hunc modum meum facio, et ordino Testamentum: In primis comendo animam meam Deo, gloriosissima Virgini Matris ejus, et Universae Curiae Superiorum, et ubicunque mori me contingerit, siue in Regno, siue extra Regnum in Ecclesia Sancti Laurentii Civitatis Vlysbonensis in quadam mea Capella, meam (fl. 64v) eligo sepulturam de omnibus nostris immobilibus, scilicet domibus, casalibus, vineis, et apotecas cum cupis, et aliis, talem que facio ordinationem in perpetuum valituram volo, et mando, quod omnia ista, quae habeo immobilia, et forte sum ad huc in postesum habiturus, remaneant fratri nostro Laurentio Petri post mortem meam per sexdecim annos tali ordinatione, et condicione opposita, et sibi aliis in perpetuum observanda, ipse vero Laurentius Petri manu teneat, et possideat omnia bona ista, et procuret sic fideliter, quod quotidie de bono in melius aumententur, et de fructibus et de dictibus praedictorum bonurum unum bonum in scientia, moribus, atque vita in praedicta Ecclesiae habeat Capellanum qui sciat bene offitium Ecclesiasticum legere, et cantare, qui Capellanus serviat praedicta Ecclesia pro anima mea, et parentum meorum cum Comemoratione de Beata Virgine glorioza, et cum commemoratione pro Rege, et benefactoribus, et pro patre, et matre mea, et pro fratibus nostris vivis similiter, et defuntis eandem missam, qualibet die celebret exceptis festivitatibus Virginis gloriosae, et filii Domini Jesu Christi, et Apostollorum, et a siquibus aliis solemnitatibus, quae in terra solemniter celebrantur, in quibus vero solemnitatibus, atque festis missa de die celebretur cum commemoratione de Martiriis, et aliis commemorationibus supradictis, post praedictam vero missam, siue de Requiem, siue de festo infine ejusdem semper missa votiva dicatur Beatae Mariae Virginis Gloriosae, eidem vero Capellano pro tanto, et tali labore dentur quolibet anno per (fl. 65) tertias anni sexaginta liberae (sic) in principio anni viginti liberaes (sic), et in Mediatate anni, duo, et in mediatate anni viginti librae et in fine vero anni viginti librae aliae tribuantur, et si forte aliquo tempore pro tanto pretio non posset in veniri talis, ut preadicti, aliquis Capellanus, mando, et volo, quod ei de mayori pretio provideatur taliter, quod Capella nostra semper habeat Capellanum, et si forte pro mayori praetio similiter potuerit inveniri salvo semprer hoc, quod propter hoc praedictus Capellanus non deficiat, nec minuat de praedictis pro minori similiter habeantur, volo tamen, et ordino, quod si dictus Capellanum fuit de genere nostro, semprer istas sexagintas libras habeat, supradictas ad hoc, ut per eas meluis, et honorabilius sustentetur, et obligetur idem Capelanus recitare horas die quolibet defuntorum, exceptis diebus, et solemnitatibus, in quibus missa de Requiem non cantatur, et teneatur eidem Capellano, provideatur de pecunia supradicta de bonis fructibus, et reditibus su[b] penis nuncupatis, et post praedictos sexdecim annos omnia bona ista cum condictionibus supradictis remaneant filio suo mayori, et semper legitimo, et similiter mortuo isto remaneant alii filio, si ibi fuerit, et similiter mortuo isto remaneant alii filio mayori, et nunquam feminae per lineam descendendo, et sic in perpetuo sucessivé, et mortuis filiis omnibus filius Prioris filius, si filium habuerit, vel filius alterius filii similiter per gradus, et lineam descendendo qui censentur naturaliter jam nepotes ipsius Laurentii Petri bona ista omnia possideant, manu teneant, et habeant cum conditionibus predictis, adendo tamen, quod si aliquis istorum filiorum, vel nepotum (fl. 65v) clericus fuerit, non propter hoc inse retineat, et hoc offitium Capella, quamvis sic, et sacerdos, sed semper de sacerdote alio eidem Capella provideatur, qui sit edoneus cum conditionibus, ut praedicti, de quo sit bona edifficatio, et exemplum in populo, et in clero, et ille talis, qui tenuerit bona nostra, siue sit clericus, siue laicus, su invenerit aliquem sacerdotem de genere nostro ponat ipsam in dicta Capella, et eam teneat in vita sua, se laudabiliter fecerit supradicta, et eidem provideatur, ut superius est jam dictum, et mortuo isto, sic sucessivé in aliis procedatur eidem si Novo alio, quam filios, vel nepos istius Laurentius Petri, etatis non fuit legitimé, et pro fecto tutore sui bona ista custodiant, et pro eo faciunt ista omnia ad impleri, sicut ipse facere et si fiesset, et tantum habere discretum, et de jure, et testamentum mandato facere tenebatur, er suscipere, as aetatem per veniat legitimam, et completam, volo, e mando, quod si aliquis istorum, qui ista bona habuerit, ut praedicti as Episcopalem, vel Archiepiscopalem dignitatem fuerit sublimatus, quod istam jurisdictionem, et bona non habeant, sed aliis eis sucedat per gradus, et lineam descendendo, mortuiis numero filiis, et nepotibus ipsius Laurentii Petri, vel si forte ibi non fuerit, aliis de genere, et sanguine nostro tam ex parte Patris, quam ex parte matris et specialiter ex parte patris, si taliter ibi fuerit inventus, et specialiter, si fuerit clericus, qui ad minus habeat viginti annos, si tales potiuntur inveniri, qui propitior fuerit, habeat ista bona cum conditionibus superius jam nihilominus nuncupatis, et (fl. 66) si forte talis dispositio genere non fuerit inventus assumatur alius, qui propinquor, et melior fuerit in ipso genere judicatis; volo in super, mando, et ordino, quod assumantur tres pueri de genere nostro, quorum quilibet habeat septem annos, et dentur ad instruendum et addiscendum, dico, et ad adiscendum in psalterio, et cantum ipsi nostro Capellano, qui eos moribus, et scientia instruat legem, et cantare, et pro eorum labore abeo, qui ista bona nostra tenuerit de praedictis fructibus, et reditibus quolibet anno recipiat quinque libras, post quam vero scriverit per Psalterium, atque cantum ponatur ad grammaticam, et bachalarius, que eos docuerit pro suo labore, similiter quolibet anno de predictis fructibus recipiat quinque libras, isti vero pueri tam in psalterio, quam in cantu, quam in Grammaticali studio occupati, et instructi, non teneantur, nisi per octos annos, et eis de istis bonis nostris provideantur per istos annos in cibo, et in potu, in camassiis, et se moralibus, et in garda cossiis100, et in caputiis de pano, qui dicitur stamen vel et stam forte, et si tempore mortis meae aliquis periti fuerunt, tales in domo mea eisdem omnibus provideatur, et supereditus jam praedixi, quibus aliis complectis isti dimitantur, et alii assumantur, et eisdem semper fiat, dico, eisdem sic fiat, et provideatur sicut justis praemiis provideri, et fiere consuevit, Mando, volo, et ordino, quod quicunque ista bona nostra suceperit, et tenuerit ex parte nostra, quod non possit (fl. 66v) ea vendere, pignorare, alienare, nec in aliud comutare, nisi de bono in melius, et sic hoc attentare praesumpserit careat dictis bonis, et ego ea sibi revoco, et dictos alii meo magis propinquo cum conditionibus supradictis per meos testamentarios istius Testamenti, qui super hoc casu plenariam habeat potestatem in super mando, et volo, et ordino, quod Rector ipsius Ecclesiae Sancti Laurentii, et clericii eiusdem super meam Capellam, et super bona ipsius Capellae nullam jurisdictionem habeant, nec possunt eidem aliquid dare, nec in aliud comutare, sed omnia fiant, ut in isto meo Testamento ordinari continetur. Facio executorem istius mei Testamenti Vicarius, vel Vicarium Ecclesiae Cathedralis Vlysbonensis, quicumque fuerit, vel quicumque fuerint, tunc, vel post pro tempore sucessive, et Rectorem ipsius Ecclesiae Sancti Laurentii, qui est, et qui prius fuerit sucessivé fratrem meum Laurentium Petri, et de ipsis executoribus plenariam potestatem, et mando, et volo, quod quilibet anno pro festo Nativitatis Domini visitentur Capellanum, et eum corrigant, si fuerit corrigendus, et si llocens101 fuerit, eum amoveant, et ut superius continetur de alio Capellae providenant Capellano. Volo in super, et mando, quod praedicti vicarii, qui pro tempore fuerint, vel fuerit eum amoveant, quando visitaverint, vel visitarint Capellanum, statim videant, et visitent bona ista, et eum, qui ea tenet, si bene fideliter, et utiliter procurantur, et in suis usibus expenduntur, ut in isto meo Testamento ordinavi, quo soi malé viderint (fl. 67) procurata, ac etiam conservata trina amonitione praemissa malé procuranti auferent ipsa bona authoritate mea sine aliquo juditio, et sine sententia, et contenda, et dent ea, atque assignent alii de genere nostro magis propinquo, ut est dictum, qui dicta bona bene, et fideliter, et utiliter procuret, et faciat procurari, dicti vero Vicarii, vel Vicarius pro tali labore, et tali visitatione fideliter exequenda in quolibet anno, quando visitaverint de dictis bonis percipiant, et alia, dico, et habeant centum solidos, et ducant secum transumptum istius Testamenti, per quod se regeant, et per quod videant, et studeant, qui emmendare, et corrigere debeant in praedictis, alias si transumptum non habuerint, et secum non duxerint, non habeant illos centum solidos supradictos. In super mando, et ordino, quod si aliquis qui tenuerit praedicta bona, ea daminificaverint, vel alienaverint, et voluerint dictos vicarios impedire, nec dicta bona dent alii personae dicti Vicarii omnino sibi auferant dicta bona, et compelant eum, ut restituatur eis, quidquid inde recepit et ad satisfaciendum de damnis datis in dictos bonis, et sua negligentia sic productis, et distructis dictum fuit hoc Ulysbonae, vigessima una die die Februarii jam transacta in era millesima trigentessima trigesima quarta, qui praesentes fuerint Laurentius Petri, germanus suus, Sthefanus Martini de Sancto Nicollao, Magister Martinus Munionis advocatus (fl. 67v) Ulysbonensis, Franciscus Dominici de Maffora, mercador Vlysbonensis, Joannes Bernaldi Santarenus qui moratur in Azambuja, Petrus Dominici Tabellio Vlysbonensis, et Ego Joannes Petri, publicus Tabellio Vlysbonensis huic facto, et Testamento interfui et illud manu propria scripsi, et in eo meum signum aposuit in testimonium veritatis,
quod tale est, quo praedicto Laurentius Petri quondam Tribuno Domini Regis petivit a mé dito Tabellione tenorem supradicti instrumenti, et ego dedi eum sibi scriptum manu mea, et signo meo signato, quod tale est, testes qui praesentes fuerunt Martinus Alffonsi, Sthefanus Gonsalves, Porcionarii dicta Ecclesia Joannes Petri Capellanum, Gomesius Pallagii
Document 2
1296, février 21, Lisbonne - Traduction du testament de maître Pierre de Lisbonne
ANTT, Arquivo do Hospital de S. José, liv. 62, fl. 72-76v (publique-forme de 1310, juillet 28, Lisbonne en copie moderne datée de 1751, mai. 4, Lisbonne)
Em nome de Deos Amen// Saibam todos que na era de mil trezentos e corenta e outto em vinte e outto dias do mês de Julho em prezença de mim Fernando; Tabaliam (fl. 72v) publico da Cidade de Lisboa, e das testemunhas abaxa escriptas, Vicente Pedro Reitor da Igreja de Sam Lourenço da mesma Cidade mostrou e ler fez por mim tabaliam hum instrumento de legado feito por mão de Joanne Pedro Tabaliam em outro tempo, da ditta Cidade, e asignado de dous signais do mesmo, e asim como no ditto instromento se continha do qual o seu theor hera o seguinte //
Em nome do Padre e do Filho e do Spirito Santo Amen, como hé a melhor filloçofia a continua concideraçam da mortte porque conforme a Sentença do sabio hé certa a morte, mas incerto quando, o como, o aonde a mesma morte nos espera, porque nenhua couza hé mais certo que a morte, e nada mais duvidozo que a ora da morte, e seja temeridade andarem os homens naquelle estado em que senão atrevem a acabar, e por isso qualquer dia de nossa vida se há de ordenar como se fosse o ultimo: Por isso saibam todos os que a serié do prezente testamento de todos nossos bens de raiz virem que eu Mestre [Pedro] natural de Lisboa, Conego da guarda e do Portto, e Rejtor da Igreja de Santhiago de Obbidos em meu inteiro juizo, e em minha saude, e de minha livre vontade temendo a Deos, e a ora da mortte dividando de huma e outra couza em meu cumprido poder faço e ordeno meu (fl. 73) testamento nesta maneira // Primejramente emcommendo minha alma a Deos, e a Virgem glorizicima sua May (sic) e a toda a Corte do Ceo, e em qualquer parte que suseda a minha mortte, ou dentro do Reino, ou fora delle escolho a minha sepultura em huma minha Capella que tenho na Igreja de Sam Lourenço desta Cidade de Lisboa, e isto de todos os nossos bens de rais, assim cazas, como cazais, vinhas, e outros, e faço esta despoziçam para que valha para sempre. Quero, e mando que todos estes bens de rais que tenho, e possa ter para o foturo fiquem a nosso Irmão Lourenço Pedro depois de minha mortte, por espaço de dezaseis annos com tal ordem e condiçam que se haja de observar por elle, e pelos demais para sempre. Porem o mesmo Lourenço Pedro tenha, e possua todos estes bens e procure de tal sortte creçam que passe todos os dias de bom para melhor, e dos frutos, e rendas dos dittos bens sustente hum capellam na ditta Igreja de boa vida, siencia, e costumes o qual saiba bem ler, e cantar o officio Ecleziastico o qual capellam sirva na ditta Igreja por minha alma e de meus parentes com commmeração (sic) de bem aventurada Virgem glorioza, e com commumeração pello Rey e bemfeitores, que por meu Pay, e minha May, e por nossos Irmãos asim vivos como defuntos, e celebre em qualquer dia a mesma missa exetto as Festividades da glorioza virgem, e de seu filho Nosso Senhor Jezus Christo, e dos Apostolos, e algumas outras solemnidades (fl. 73v) exetto, digo solemnidades que na terra solemnemente se selebram, porem naquellas solemnidades e Festas a missa do dia se celebre com commumeração dos Martires e outras commumeraçoens sobredittas; porem despois da ditta missa ou de requiem, ou de Festa no fim da mesma sempre se diga a missa votiva da bem aventurada glorioza Virgem Maria, e se dem ao mesmo capellam em cada hum anno por semelhante e tal trabalho pellas terças do anno sesenta libras no principio do anno, vinte libras, e no meyo do anno, outras vinte libras, e no fim do anno outras vinte; e se acazo em algum tempo se não achar capellam por semelhante preço mando e quero que se proveja ao ditto capellam com mayor preço de tal sortte que a nossa capella sempre tenha capellam; e se acazo pello mayor preço poder acharce a mesma sortte, salvo sempre que por amor disto o capellam não falte nem diminua a cerca das dittas missas sejam porem sempre dittas pello menor preço; quero contudo e ordeno, que se o ditto capellam for da nossa geraçam sempre tenha as dittas sesenta libras de tal sorte que com ellas melhor, e mais decorozamente se sustente, e seja obrigado rezar as oras em qualquer dia dos defuntos exettos aquelles dias, e solemnidades em que a missa de requiem se não cante, e seja obrigado o ditto Lourenço Pedro a dar ao mesmo Capellam o dinheiro sobreditto dos bens (fl. 74) fructos e rendas asima nomeados, e despois dos dittos dezaseis annos todos estes bens e o mas dittas condiçoens fiquem a seu filho mais velho, e sempre legittimo, e morto este fiquem a outro filho se ahy ouver, e da mesma sorte morto este fiquem ao outro filho mais, (sic) e nunca femea descendo pella linha, e asim para sempre susecivamente, e mortos todos os filhos, o filho do primeiro filho, se tiver filho, ou o filho, de outro filho semilhantemente descendo pellos graos, e pella linha que naturalmente sam reputados por nettos do mesmo Lourenço Pedro posua todos estes bens tenha, e haja com as condiçoens já dittas acrecentando porem que se algum destes filhos, ou nettos for clerigo por esta Caza, digo cauza não concerve em sy este oficio da Capellania posto que assim hé saçardotte mas sempre se dé a outro sacardotte (sic) a mesma capella que seja edonio, com as condiçoens que dice de quem haja boa, edeficaçam, e emxemplo entre o povo, e o clero, e aquelle tal que pesuir nossos bensl ou seja clerigo, ou leigo se achar algum sacardotte de nossa geraçam o ponha na ditta Capella, e a pesua na sua vida se louvavelmente fizer o sobreditto, e lhe dará ao mesmo como asima ditto hé, e mortto este se proceda como mesmo asima como susecivamente nos outros; porem se de alguma sortte o filho, ou netto desse Lourenço Pedro não for de legitima Idade, e na verdade (fl. 74v) os seus tutores goardem estes bens; e facam (sic) por elle que todas estas couzas se cumpram como elle fizera se prezente fosse, e se chegar a Idade legitima de ter desqueriçam que seja obrigado a fazer Testamento, ou de direito, ou de mandatto possa receber esses bens; quero e mando que se algum destes, que estes bens tiver, como já dice for elevado a Dignidade de Bispo, ou Arcebispo, que com esta jurisdiçam não gozem dos seus bens, mas outro lhe suseda descendo pellos graos, e linha, mortos, porem os filhos e nettos do mesmo Lourenço Pedro, ou se acazo ahy não houver algum da nossa geraçam e sangue, assim da parte do Pay, como da parte da May, especialmente da parte do Pay se tal ahu for achado, e especialmente se for clerigo que menos tenha vinte annos se tal se poder achar que for mais favoravel haja estes bens com as condiçoens já muitas vezes repetidas, e se acazo se não achar pessoa da mesma garaçam tome se outro que for julgado por mais proximo, e melhor na mesma geraçam; alem disso quero, mando, e ordeno, que se tomem tres meninos de nossa geraçam de Idade de sette annos cada hum, e se emtreguem ao mesmo Nosso Capellam para os instruir, e aprenderem no Salterio, e canto, o qual alem delles ensinar o canto os instruhira nos costumes, e na ciencia emsinando lhes a lej, e pello trabalho delles (fl. 75) receberá daquelle que tiver estes nossos bens em cada hum anno dos dittos frutos e rendas delles sinco libras; porem depois que souberem o Salpterio, e o Canto o apliquem á gramatica, e o Bacharel que os emsinar pello seu trabalho da mesma sortte em cada hum anno receberá sinco libras dos dittos frutos; porem estes meninos ocupados, e instroidos assim no Salpterio, como no Canto, como no estudo da gramatica não sejam obrigados senão por espaço de outto annos os pessuidores de nossos bens a provelos senão por estes annos de comer e beber, e do mais presizo, e vestir, e se ao tempo da minha mortte forem achados alguns tais com capacidade em minha caza se proveja de remedio a esses, contudo, como asima já dico (sic) e acabados os dittos outto annos os dittos meninos sejam deichados, e se tomem outros, e façam e provejace a estes asim como aos primejros se costumou fazer, e prover. Mando, quero, e ord[e]no que qual que tiver e pessuir estes nossos bens de nossa parte que não possa vendelhos empinhalos, alianalos, nem commutalos senão de bom para melhor, e se alguem prezumir isto atentar seja privado dos dittos bens; e eu lhos revogo, e mando que se dem a outro meu mais chegado parente com as condiçoens sobredittas. E isto por via dos meus TestamenteJros (fl. 75v) deste testamento que sobre este cazo tenho plenario poder alem disto mando, quero, e ordeno que o Rejtor da mesma Igreja de Sam Lourenço, e os mesmos clerigos não tenham sobre a minha Capella, e sobre os bens delles jurisdiçam alguma, nem lhe possam dar ao mesmo Reitor alguma couza, nem commutar lha, em outra, mas tudo isto se faça como se contem, e hé ordenado neste meu Testamento// Faço meus testamentejros ao vigario, ou vigarios da Igreja da Sée de Lisboa qualquer, ou quaisquer quer forem antam, e pello tempo adiante susecivamente, E ao Reytor da mesma Igreja de Sam Lourenço que hé, ou for susecivamente a meu Irmão Lourenço Pedro, lhes dou poder amplo para a ditta execuçam e mando e quero que em qualquer anno pella Festa do Nacimento (sic) do Senhor vezitem o Capellam, e os Reprehendam se o merecer, e se o acharem culpado o dispeçam e como asima se contem, provejam outro em sua lugar. Alem disto quero e mando que os dittos vigarios que pello tempo forem quando vezitarem esse Capellam se o dispedirem merecendoo logo vejam e vezitem estes bens; e saibam quem os pessuem se bem e fielmente, e com utilidade sam procurados, e convertidos em uzos pios como neste Testamente (sic) ordenej; porem se virem que os dittos bens sam mal adeministrados e concervados (fl. 76) feitas as tres ademostaçoens canonicas logo se lhe tirem a quem os adeministrar por minha autoridade sem algum juizo, ou sentença, ou contenda, e se dem a outro parente nosso mais chegado como está ditto que procure e faça procurar os dittos bens bem fiel e utilmente; porem o ditto vigario ou vigarios por este trabalho, e vezita que se há de executar com fedelidade cada anno que vezitarem recebam, e partecipem dos dittos bens cem soldos, e tragam comsigo o Treslado deste Testamento por onde se governem, e por onde vejam e estudem o que devem correger, e mandar no sobreditto, alias senão tiverem o Treslado do ditto Testamento e comsigo não trouverem não teram aquelles cem soldos sobredittos, alem disto mando e ordeno que se algum que pessuir os dittos bens os damnificar, ou alhear, e quizerem pedir aos dittos vigarios que não dem os dittos bens a outras pessoas os dittos vigarios lhe tirem a esse os dittos bens e o obrigem que lhos restituá e tudo o que recebeo desses bens; e lhes satisfaça o damno, negligencia, e destruiçam que lhe fez em elles. Foi feito em Lisboa a vinte e hum dias de Fevereiro era de mil e trezentos e trinta e quatro. Testemunhas prezentes Lourenço Pedro seu Irmão; Estevam Martins de Sam Nicolao; Mestre Martinho Monis Adevocado de Lisboa, Francisco Domingues (fl. 76v) de Mafra mercador de Lisboa, João Bernardes de Santarem, que mora na Azambuja, Pedro Domingues, Tabaliam de Lisboa. E eu Joam Pedro publico Tabaliam de Lisboa asesty a este facto, e Testamento, e o escrevj por minha mão e nelle meu signal fiz// Em testemunho de verdade de que tal hé. O qual Testamento lido o ditto Lourenço Pedro em outro tempo Sennador do senhor Rei me pedio a mim ditto Tabalião o theor do sobreditto instrumento, e em lho dej Escripto por minha mão e por mim asignado que tal hé. Testemunhas que prezentes foram Martim Affonço, Estevam Gonçalves Raçoeiros da ditta Igreja, Joam Pedro, Capellam, Gomes Pellagio