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Faces de Eva. Estudos sobre a Mulher

versão impressa ISSN 0874-6885

Faces de Eva. Estudos sobre a Mulher  no.32 Lisboa  2014

 

ESTUDOS

Sayyda Al­‑Horra: Un pouvoir féminin en terre d'Islam

Karima Benyaich1

1Embaixadora do Reino de Marrocos em Portugal. k.ben2@yahoo.es/kbenyaich@yahoo.com


RÉSUMÉ

Aux prises avec les grands remous d'un XVIème siècle naissant, une femme, Sayyda Al­‑Horra, gouverna une ville­‑État, Tétouan, dans le nord du Maroc. Marocaine d'origine andalouse, Sayyda Al­‑Horra marqua son époque par son intelligence politique, sa capacité de fédérer autour de sa personne, sa lutte contre les Ibères et sa longévité au pouvoir. Elle incarne un pouvoir féminin en terre d'Islam, qui réduit les stéréotypes sur la place de la femme dans la société orientale.

Mots clés: Sayyda Al­‑Horra; pouvoir féminin; Maroc; Tétouan; XVIème siècle.

 

ABSTRACT

Battling against the big stirs of rising XVIth century, a woman, named Sayyda Al­‑Horra, ruled the City­‑State of Tetouan in the North of Morocco. Moroccan of Andalusian origin, Sayyda Al­‑Horra had marked its era by her political intelligence, her capacity to federate around her person, her fight against Iberians and her longevity in power. She embodies a feminine power in the land of Islam, thus reducing stereotypes on the role of women in oriental society.

Keywords: Sayyda Al­‑Horra; female power; Morocco; Tetouan, XVIth century.

 

Sans conteste, Sayyda Al­‑Horra aima avec passion le verbe résister. A peine nommé, ce verbe induise et combatte ses contraires: fléchir, capituler, se soumettre, abdiquer, faiblir, démissionner, s'abandonner.

Marocaine aux origines andalouses, cette femme est née en 1493 (Gil Grimau, 2000). Une année après l'effondrement du dernier royaume islamique d'Europe, l'expulsion des musulmans et des juifs d'Espagne, l'année où Christophe Colomb arriva en Amérique, l'élection d'un Borgia pape, l'année où l'Europe se tourna vers l'Atlantique oubliant l'Est et son passé oriental, la Méditerranée (Braudel, 2009) et sa composante islamique, se forgeât ce qui deviendra tantôt le rationalisme tantôt le protestantisme (Attali, 1994).

Contemporaine d'Isabel la Catholique, elle fit face et régna du-rablement sur une ville­‑État, Tétouan, au Nord du Maroc, touchée de plein fouet par les bouleversements qui viennent d'Espagne et du Portugal, ainsi que l'arrivée des Ibères sur les côtes marocaines, balayée par les vents d'un monde nouveau et par les changements dynastiques au Maroc.

Assurément, et sa vie et son œuvre le démontrent, Sayyda Al­‑Horra ne réserva pas l'usage du verbe résister aux seuls faits militaires. Diplomate de génie, elle fit de Tétouan une cité prospère, dirigea le trafic naval dans l'ouest de la Méditerranée, mena des batailles contre les Portugais et les Espagnols, s'allia avec Barberousse, le fameux corsaire turc, et reçut ses flottes dans sa ville, choisit sans vaciller son camps dans la lutte pour le pouvoir qui opposa les dynasties wattassides et saadiennes.

On mesure bien, au regard de ces circonstances exceptionnelles, l'intelligence visionnaire, la capacité de gouverner et d'accompagner le tournant d'un monde nouveau, d'une dame qui n'a de cesse d'être une référence dans la grande histoire des femmes qui ont marqué les destinées de leur pays (Sadiqi, 2013).

 

I. Née pour gouverner

A – Les fortunes de la naissance

La vie de Sayyda Al­‑Horra résume celle des Ben Rashed, famille vénérée rattachée aux Chorfas Idrissides du Jebel Allam, eux­‑mêmes descendants de Moulay Abdessalam Ben M'Chich, grand saint de la région de Jabala, au Nord du Maroc.

Née vers 1493, Sayyda Al­‑Horra fera ses premiers pas dans les ruelles escarpées de Chefchaouen, ville fondée par son père, Moulay Ali Ben Moussa Ben Rashed, en 1471, perchée à 600 mètres d'altitude, et située sur la chaîne du Rif. La kasbah et ses merveilleux jardins ne sont pas sans rappeler l'Andalousie si proche. Surnommée la Ville Sainte cette petite agglomération compte depuis les origines de nombreuses mosquées et mausolées.

De sa mère, Catarina Fernandez, appelée Lalla Zahra Fernandez, originaire de la province de Cadix en Andalousie, Sayyda Al­‑Horra apprendra l'espagnol et le raffinement d'une civilisation que la chute de Grenade en 1492 éteindra à jamais. La conversion de Catarina Fernandez à l'Islam et son mariage avec Moulay Ali Ben Moussa Ben Rashed, lors des guerres de Grenade initiées en 1482 et qui opposèrent les forces des couronnes d'Aragon et de Castille, récemment unies, contre les troupes du dernier royaume musulman. De cette union naitra aussi Moulay Ibrahim, le frère ainé de Sayyda Al­‑Horra

Les enfants Ben Rashed recevront une éducation modèle, une culture générale et un enseignement religieux des maitres et des savants les plus en vue à cette époque (Hachim, 2010).

Selon l'écrivain Abderrahim Jebbour (1953, p. 24):

 

“…cette Dame noble disposait d'une intelligence rare et d'une haute éducation lui permettent d'accéder au pouvoir grâce aux enseignements et au savoir qu'elle avait reçus des célèbres savants et des hommes de religion de son époque”.

 

Si la question du vrai prénom de Sayyda Al­‑Horra a longtemps fait débat parmi les historiens et les chercheurs, ce qui importe, à notre sens, c'est la vie et l'œuvre de cette femme exceptionnelle c'est aussi sa liberté, son courage, son expertise politique et militaire, sa capacité à relever les multiples défis de son époque et à rassembler autour de sa personne. Bref, avoir une avance sur son temps (Tazi, 1992).

 

B – Mariages et pouvoir

De l'Andalousie perdue, la famille Ben Rashed garda la blessure de l'exil et des liens solides avec les familles andalouses, influentes ou pas, venues nombreuses s'installer à Fès, à Chefchaouen et à Tétouan (Maalouf, 1992). S'ils ne devaient leur place à Chefchaouen qu'à eux­‑mêmes, c'est à une série d'alliances et d'allégeances que les Ben Rashed furent redevables de leur rayonnement à Tétouan et jusqu'à Fès, capitale de la dynastie Wattasside.

La première de ces alliances fût scellée par un mariage, en 1510, entre Sayyda Al­‑Horra et Hassan Ben Ali Mandari, neveu de Abou El Hassan Ali Mandari, gouverneur, sous le règne des Princes Beni Lahmar, de la Forteresse de Piñar non loin de Grenade, avant de s'établir, après 1492, à Martil puis à l'orée des ruines de Tétouan, détruite auparavant par la flotte de Henry III de Castille.

Sur demande du Sultan Watasside Mohamed Cheikh et de Ali Ben Moussa Ben Rashed, le père de Sayyda Al­‑Horra, Abou El Hassan Ali Mandari, le natif de Ronda, mit toute son énergie dans la reconstruction de Tétouan, devenue une forteresse solide, une terre d'accueil pour les andalous et de départ pour les luttes contre les occupants ibères. Il en fut le premier Caïd.

À la mort de Abou El Hassan Ali Mandari en 1504­‑1505, son neveu, Hassan Ben Ali Mandari lui succéda.

Cinq années plus tard, alors que Sayyda Al­‑Horra allait sur ses dix­‑sept ans, son mariage avec le neveu d'un bâtisseur andalou, qui porta le nom d'une aussi grande famille que la sienne, lui ouvra une destinée insoupçonnée dans une ville­‑État qui n'était pas la sienne.

Ami de son père, son aîné de plus de trente ans, Hassan Ben Ali Mandari associa sa jeune épouse à la gestion des affaires publiques, écouta ses conseils et l'initia aux secrets d'une lutte sans merci contre les portugais qui occupaient la ville voisine de Sebta, et d'autre places fortes sur les côtes marocaines.

Mais en 1519, Hassan Ben Ali Mandari disparaissait. Sayyda Al­‑Horra se trouva en première ligne, mais loin d'être désarmée, pour diriger une ville placée de facto sous l'autorité de son frère Brahim Ben Ali Ben Rashed, Gouverneur de Chefchaouen.

Après l'ombre bienveillante et initiatrice du mari, Sayyda Al­‑Horra s'accommoda aussi fort bien de celle de son frère qui depuis Chefchaouen, lui délégua, à partir de 1525, la gestion directe de Tétouan.

Devenu Grand Vizir et surtout le mari de Lalla Aicha, la sœur du Sultan, Brahim Ben Ali Ben Rashed renda l'âme en 1539, à Fès.

Trois ans plus tard, un mariage scella une nouvelle fois, les liens entre les Ben Rashed et la dynastie Wattasside. Sayyda Al­‑Horra convola en noces, en 1541, avec le Sultan (Roi) du Maroc, Ahmed Al Wattassi.

Grace à ce mariage célébré à Tétouan et pour lequel toute la Cour Royale se déplaça – contrairement aux usages – de Fès, Sayyda Al­‑Horra bénéficia de nouveaux pouvoirs. Elle fut nommée représentante du Sultan dans les régions du Nord du Maroc.

De 1510 à 1541, du mariage avec Hassan Ben Ali Mandari à celui célébré avec le Sultan Wattasside, Sayyda Al­‑Horra tira un savoir faire politique, des convictions et une manière certaine de mettre l'intérêt de sa ville­‑État au cœur de son action publique quotidienne.

 

II. À l'épreuve du pouvoir

À l'image des grands marins de l'époque, Sayyda Al­‑Horra ne gouverna jamais à l'estime. Elle s'avança en toute connaissance et en parfaite maîtrise des cartes de son monde, de ses courants et de ses vents contraires. Elle imposa pendant presque trente ans, directement ou indirectement, par temps tragique ou apaisé, l'empreinte d'une grande dirigeante, d'une femme multiple, entière et en avance sur son temps.

 

A – Gouverner Tétouan en temps difficiles

Tout au long de ces années de pouvoir, Sayyda Al­‑Horra développa un ensemble de soutiens et tisser des appuis à son action à la tête sa ville­‑État, Tétouan.

Vint en premier lieu l'appui du pouvoir central, assuré, comme on l'a souligné, par son mariage, en 1541, avec le Sultan Ahmed Al Wattassi. Ce fut un mariage de raison plus de cœur, car le Sultan Wattasside avait besoin de renforcer davantage ses liens avec les Ben Rashed, et partant, obtenir le soutien et l'allégeance de Tétouan et de Chefchaouen à une dynastie Wattasside fortement menacée par la poussée des Sâadiens.

Dans ce jeu d'alliance avec le pouvoir central, le frère de Sayyda Al­‑Horra joua un rôle essentiel. Lui­‑même marié avec Lalla Aicha, la sœur du Sultan, Grand Vizir et en charge de l'armée, Moulay Brahim fut, à Fès, l'homme écouté et le premier appui de sa sœur. C'est dans ce cadre qu'il soutint sa sœur lors des pourparlers et des négociations entre les Palais de Fès et de Lisbonne, relatifs à la conclusion d'un Traité d'amitié et de réconciliation entre les deux pays.

Sayyda Al­‑Horra refusa, en effet, ledit traité et plus particulièrement ses articles relatifs à la piraterie maritime qui limitaient l'action de sa flotte basée à Martil et celle de Larache. Moulay Brahim défendit les positions de sa sœur qui continua d'exercer ses activités maritimes sans entraves.

Autre exemple de ce soutien: Moulay Brahim donna l'ordre en 1536 pour la fortification de Tétouan et y dépêcha un comandant de Meknès pour aider Sayyda Al­‑Horra dans cette œuvre.

Mais malgré l'appui du pouvoir central, elle ne pouvait se passer du soutien local. C'est pourquoi Sayyda Al­‑Horra se tourna, un temps et ce avant son mariage royal, vers un autre Mandari, le mari de sa fille, Moulay Ahmed Hassan Mandari.

Reste que cette association ne dura que de 1539 à 1541. Le mariage avec le Sultan Wattasside signa sa fin.

En sus de l'appui du pouvoir central et du soutien local, Sayyda Al­‑Horra va sceller, à partir de 1531, une alliance régionale avec le fameux amiral­‑corsaire turc basé à Alger, Khaïr­‑Eddine (dit Barberousse), qui contrôla, quant à lui, la partie orientale de la Méditerranée.

Essentiels pour asseoir son pouvoir interne, ces appuis et alliances jouèrent également dans l'action extérieure que Sayyda Al­‑Horra mena principalement à l'encontre des Portugais et des Espagnols. Ce faisant, elle perpétua l'engagement de son premier mari, Hassan Ben Ali Mandari, qui n'accepta jamais l'invasion portugaise de Tanger, d'Azilah, de Kasr­‑A­‑Sghir et d'autres zones du Nord.

 

“Sur ce point, l'historienne Chantal de la Veronne souligne que Sayyda Al­‑Horra s'intéressait, primordialement, à combattre les chrétiens par tous les moyens dont elle disposait. Pour cette raison, elle possédait, à Martil, des navires prêts à effectuer des opérations de piraterie contre les côtes espagnoles jour et nuit, et elle entretenait avec les ottomans des relations solides. Elle recevait ces derniers à Tétouan et s'il le fallait, elle se déplaçait elle même à l'Île de Badés afin de négocier avec eux le sort des captifs chrétiens” (Ibn Azzouz, 1983).

 

De même, Sayyda Al­‑Horra sut en femme politique avisée, l'impor­tance de la lutte contre les Ibères dans la cohésion du front intérieur du Royaume et la consolidation de ses positions dans Tétouan et dans le Nord.

Cet élément clé explique, à notre sens, pourquoi Sayyda Al­‑Horra refusa le traité d'amitié et de réconciliation entre le Maroc et le Portugal et renforça ses pressions sur les occupants. Elle refusera aussi les conseils de prudence de son mari, Ahmed Al Wattassi, qui redouta l'ouverture d'un deuxième front avec les portugais, au moment où les Saadiens maintenaient la pression sur son trône vacillant.

Les faits d'armes de Sayyda Al­‑Horra furent nombreux et marquants. Elle n'épargna ni les flottilles, ni les fortifications, ni les hommes. Pour preuve, même l'Église espagnole joua l'intermédiaire, en 1541, pour la libération de 340 prisonniers détenus par Sayyda Al­‑Horra, en contrepartie d'une rançon de 3000 Réaux.

Ces tensions permanentes avec les occupants aboutirent, cette même année, à la fermeture des frontières entre Sebta et Tétouan. Suivirent une déclaration de guerre, décrétée par Sayyda Al­‑Horra contre l'occupant portugais et la rupture entre cette dernière et son demi­‑frère, Moulay Mohammed, qui complotait pour mettre fin à son règne.

En arrière plan de cette lutte sur plusieurs fronts, les Wattassides impuissants à enrayer la décadence de leur Royaume, à rétablir la paix et l'unité et à mettre un terme à la conquête portugaise, perdirent progressivement le pouvoir au profit des Saadiens.

 

B – Les années de reflux: Le destin lié de Sayyda Al­‑Horra et des Wattassides

Lorsque les Saadiens s'emparent de la place forte portugaise d'Agadir en 1541, Mohammed al­‑Cheikh, leur leader, va apparaître alors comme le protecteur de l'Islam et le héros national. Son prestige va éclipser celui du Sultan Wattasside de Fès (Pipes, 1984).

Face à cette nouvelle donne, seules les villes de Chefchaouen et de Tétouan demeurèrent, dans le Royaume Wattasside, en première ligne face aux Portugais. Sayyda Al­‑Horra, consciente du tournant décisif, devint le chef de la guerre sainte.

Mais des régions toutes entières du Nord entrèrent en dissidence refusèrent l'autorité du Sultan Wattasside alors qu'au Sud, la région de Marrakech se rendit indépendante. Au même moment, les Portugais s'implantèrent de plus en plus sur le littoral atlantique (Laroui, 1989).

L'onde de choc de cette instabilité politique, économique et sociale toucha rapidement Tétouan où le 22 octobre 1542, Mohammed Al Hassan Mandari, fils du premier Mandari, et père du beau­‑fils de Sayyda Al­‑Horra, s'enfuit de Fès et chassa du pouvoir Sayyda Al­‑Horra (Daoud, 1959).

Sans doute Sayyda Al­‑Horra paya là son alliance indéfectible avec une dynastie Wattasside qui enregistra une succession d'échecs aussi bien face aux Portugais qu'elle combattait par instants et avec lesquels elle concluait de longues trêves, que dans la réunification du Maroc qui a connu sous leur règne un démembrement total.

 

III. 1542: une parenthèse se referme. Quel héritage?

La fin du pouvoir de Sayyda Al­‑Horra à Tétouan, ne signifia jamais, pour elle, le renoncement.

Très vite, elle fonda à Chefchaouen, une zaouïa, une confrérie religieuse, qui est un centre de divulgation religieuse remplaçant, en quelque sorte, les médersas citadines que le pouvoir Wattasside ne soutenait plus.

Ainsi cette nouvelle zaouïa dispensa, comme les autres, un ensei­gnement religieux engagé, dominé le plus souvent par la lutte contre les Ibères et l'attachement aux valeurs menacées.

Sans doute Sayyda Al­‑Horra tint, avant toute chose, à travers l'encadrement des fidèles, à la sauvegarde de l'unité du Maroc où de nombreuses zaouïas vont dorénavant jouer un rôle important dans la stabilité du pays. Il s'agit là d'une autre manière de continuer une lutte, depuis toujours, au cœur de l'action et des ambitions de Sayyda Al­‑Horra.

Ce caractère exceptionnel, cette lutte jusqu'au bout d'une femme qui s'est élevée dans des temps difficiles, explique très largement cette reconnaissance toujours vivace, envers Sayyda Al­‑Horra et son œuvre.

De siècle en siècle, cette grande Dame a représenté, sans conteste, l'un des visages féminins marocains incarnant la quête et l'exercice du pouvoir en terre d'Islam, pour défendre, à l'égal des hommes, si non plus, les idéaux de sa société et l'indépendance de sa patrie. Elle le fera dans une société musulmane où le pouvoir politique, était plus qu'ailleurs, un domaine réservé aux hommes.

Cet exemple lumineux du rôle joué par les femmes dans l'histoire du Maroc a aidé à réduire les stéréotypes les concernant. Nombre d'entre elles ont démontré, après comme avant Sayyda Al­‑Horra, qu'elles ne sont nullement l'être invisible et silencieux, l'étranger aux affaires publiques et politiques, auquel on veut les réduire.

Par leur engagement politique et social, elles sont nombreuses à avoir inscrit leurs noms dans l'histoire du Maroc. Citons à titre d'exemple Zineb Annafzaouia ou Boutaina Bent Abbad, fille de Al Moatamid Ben Abbad, Roi de Silves, la Princesse Lalla Aicha, première femme Ambassadeur du Maroc moderne.

Par goût pour l'art, l'éducation et la culture, la liste de celles qui ont marqué leurs temps n'est pas moins longue. La première sur cette liste est sans conteste Fatima Oum Al Banine Al Fihria, fondatrice de l'Université Al Quaraouine à Fès, l'une des plus anciennes au monde.

Par tempérament et ouverture sur leurs époques et sur le monde, les archives des grandes cours européennes et les livres d'histoire, recensent toutes ces princesses et ces femmes marocaines qui ont, à travers les âges, entretenu des correspondances érudites, et dialogué, dans toutes les langues, avec leurs contemporaines.

Par conviction et sentiment national, elles sont nombreuses à avoir pris les armes et s'être soulevées pour défendre leur pays. Yettou Zayani, Yettou Larroussia, ou encore, pour des temps plus proches ceux de la lutte du mouvement nationale au XXème siècle, Malika Al Fassi ou Fatima Ben Slimane, en sont des figures de proue.

A travers ces exemples, les femmes marocaines démontrent non seulement qu'elles étaient en première ligne pour défendre leurs places dans la société marocaine, mais qu'elles ont joué et jouent toujours, directement ou indirectement, un rôle de leader et de chef de file dans des plusieurs secteurs clés du pays.

 

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